[Film] J. Edgar - Clint Eastwood, 2011

A Whispers, nous avions plusieurs bonnes raisons d’aller voir ce film. D’abord, Clint Eastwood est un de nos réalisateurs emblématiques, de Bird à L’Echange qui restent d’excellentes sources d’inspiration pour Hellywood. Ensuite, le personnage dont le film nous dresse un portrait intime et terrifiant ne nous laisse pas indifférent, depuis que nous l’avions découvert chez James Ellroy.

Loin d’ailleurs d’être une adaptation de la trilogie Underworld USA, le film d’Eastwood ne verse pas dans le conspirationisme mais s’attache aux facettes les plus intimes du patron du FBI. Il se veut une analyse clinique, presque psychanalytique, de celui qui est présenté comme “l’homme le plus puissant des Etats-Unis”. Ses relations avec les seuls êtres dont il ait jamais été proche - sa mère, sa secrétaire et son compagnon - sont passés au microscope. En creux, se dessine le portrait d’un individu qui s’enferme de plus en plus dans ses fantasmes : un être sans faille ni reproche, un héros de comic-book luttant mitraillette au poing contre les terroristes radicaux.

Centré sur la personne de celui sans qui le FBI ne serait jamais devenu l’agence de superflics qu’il est aujourd’hui, le film aurait pu verser dans la fascination pour son sujet. Il n’en est rien, Eastwood prouvant encore une fois qu’il n’est pas le redneck autoritariste qu’on le soupçonne d’être trop souvent. Si un sentiment se dégage de ce portrait, c’est peut-être celui du pathétique d’une vie consacrée à courir après des chimères, à fuir des fantômes et à s’interdire le bonheur. Certes, il y a le John Edgar Hoover qui n’hésite pas à menacer de mort le futur prix Nobel de la paix Martin Luther King, mais il y a aussi le maniaque du classement, le petit garçon qui n’ose affirmer son homosexualité à sa mère…

A la fin du film, Eastwood nous livre un monologue aux résonances très actuelles, sur la fragilité de la liberté et de la démocratie face aux hommes mauvais. Par la bouche d’Hoover, qui semble ignorer que son discours peut se retourner contre lui, il nous exhorte à ne jamais abandonner la lutte.