[Roman] The Long Goodbye - Raymond Chandler, 1953

Sans trop bien savoir pourquoi, Philip Marlowe ramasse un type bourré, un certain Lennox. Etrange personnage que ce Lennox, élégant, désabusé, alcoolique et marié à une femme superbe et riche qui le trompe à tout va.

Un etrange amitié se lie entre cet homme et le privé. Jusqu’au jour ou Lennox demande à Marlowe de l’aider à fuir au Mexique. Sa femme est morte, le visage défoncé, et Lennox est persuadé qu’il portera le chapeau malgré qu’il se proclame innocent. Quelques jours plus tard, Lennox se suicide dans un hotel mexicain. Fin de l’histoire pour Marlowe ? Apparemment. Quelques temps plus tard, un éditeur lui demande de tenir à l’oeil son romancier à succès, qui devient dangereux pour lui et sa femme lorsqu’il boit… Marlowe met le pied dans un sac de crabe. Et il n’est pas impossible que tout cela ait à voir avec Lennox…

Ce Marlowe est un pur régal. Particulièrement désabusé, le privé traîne sa carcasse dans un monde sans pitié, le Los Angeles des riches et des puissants, au milieu d’une intrigue à tiroirs dont il est le pigeon pratiquement consentant. C’est particulièrement sombre et désespéré. Loin du privé amoral dont il donne souvent l’image, Marlowe se conforme sans faillir à un code moral tout personnel mais indéfectible qui lui vaut les pires ennuis. Le bouquin vaut aussi pour son atmosphère quasi surréaliste, avec ses dialogues étranges d’alcooliques et les allées et venues répétées d’un Marlowe halluciné.

C’est enfin une mine de personnages archétypaux mais passés au vitriol : femmes fatales dérangées, médecins marrons, bons flics et mauvais flics, D.A aux dents longues, écrivain hanté, truands et milliardaire au bras long… ils sont tous là ! Superbe évocation aussi du Los Angeles de l’après guerre, le tout en discret filigrane, Chandler n’étant pas adepte des longues descriptions mais plutôt des petites touches “impressionistes”. Un pur bonheur qui se dévore d’une seule traite. Inutile de dire que tout est bon pour Hellywood là dedans !

Signalons enfin que le bouquin a été traduit en français sous le titre de “Sur un aire de navaja” et qu’il a été adapté au cinéma en 1973 par Robert Altman, avec Elliot Gould dans le rôle de Marlowe. Le titre français du film est simplement : “Le privé”.