[Film] Au bout de la nuit - David Ayer, 2008

Le Détective Tom Ludlow (Keanu Reeves) est un flic borderline, qui obtient des résultats en foulant au pied les lois. Entre lui et les Affaires Internes, Ludlow ne dispose que d’un garde-fou, le capitaine Wander (Forest Whitaker)  qui le protège. Mais tout risque de changer lorsqu’un ancien partenaire de Ludlow, avec qui il était brouillé, est tué dans ce qui ressemble fort à une exécution. Ludlow est très vite soupçonné…

Au bout de la nuit (Street Kings en VO), c’est un peu “James Ellroy pour les nuls”. Difficile de savoir ce qu’il reste de son scénario original, mais on a en permanence l’impression de voir une version light d’un bouquin du Dog. En, toute franchise, si vous avez vu quelques polars et lu ne serait-ce qu’un seul volume du Quatuor de Los Angeles, vous grillerez en dix minutes les tenants et les aboutissants de l’intrigue, alors même que ce pauvre Keanu Reeves s’y débat pendants 1h45 en feignant la surprise à chaque révélation. C’est que c’est un métier, acteur !

Il faut tout de même avouer qu’il s’en sort plutôt pas mal dans la peau du détective Ludlow, qu’il arrive à crédibiliser malgré un rôle très physique qu’on ne lui voyait pas forcément endosser. A ses côtés, Forest Whitaker pousse un peu loin le cabotinage, finissant en roue libre lors d’un final qui, du coup, n’est pas le climax attendu mais sombre presque dans le ridicule. En toute franchise, Whitaker avait été bien plus impressionant dans la saison 5 de The Shield. Une autre grosse inspiration de ce Street Kings, d’ailleurs, revendiquée jusque sur la jaquette du Dvd. Mais là encore, le film peine à se hisser au niveau d’intensité d’un seul épisode de la série de Shawn Ryan.

Au final, c’est ce manque d’originalité, que ce soit dans les enjeux ou la narration, qui tire le plus vers le bas ce film sympathique mais très mineur. Les thèmes de la limite entre l’ordre et la corruption, du flic bordeline, des compromissions politiques ont déjà été traités de bien plus belle manière. Sans compter qu’au lieu de nous emmener, comme son titre le suggérait, “au bout de la nuit” dans une apocalypse rédemptrice, le film choisit assez vite de transformer son personnage en figure héroïque. Autant pour l’ambivalence du personnage principal. N’est pas Vic McKey qui veut…

A l’actif du film, on retiendra de belles images de Los Angeles, des gunfights secs et violents et la présence de Hugh Laurie en capitaine des Affaires Internes manipulateur. Ca suffit pour passer un bon moment.

Et pour Hellywood ? Si vous êtes à la recherche d’un intrigue “flic pourri” prête à jouer et pas trop complexe, banco ! Comme toujours, il y a quelques PNJ prêts à recycler.