Décodages 1 - Mélange des Genres

Avec « Décodages », nous vous proposons une série d’articles de fond pour décrypter les codes des genres noir et hard-boiled, dont est tiré Hellywood.

Mais commençons par le commencement : ces fameux genres, quels sont-ils ?

Le policier

Tellement vaste et hétéroclite qu’on hésite à parler de genre. Tout juste un rayon de librairie. Sous l’étiquette « policier » on met à peu près tout ce qui tourne autour du crime et de ses suites : enquête ou cavale, selon le côté de la loi où l’on se place.

  • Un exemple ? Double assassinat dans la rue Morgue, d’Edgar Allan Poe.

Le roman à énigme (ou « whodunit »)

Un crime inexplicable, comme un défi lancé à la police et au lecteur… Que le détective, génie de la déduction, relève avec une maestria qui force l’admiration. Roman cérébral, où l’ingéniosité de la construction fait beaucoup, mais où l’on trouve parfois des personnages attachants, comme le célèbre Sherlock Holmes.

  • Un exemple ? Le mystère de la chambre jaune, de Gaston Leroux.

Le roman noir

Paradoxalement, si l’on peut considérer que le Noir est un sous-genre du roman policier, c’est celui qui s’affranchit le plus des limites du genre pour frayer avec la « grande » littérature. Au point que certains audacieux considèrent que la première œuvre de ce type serait… Œdipe, de Sophocle. Il est vrai que ce qui caractérise le plus le roman noir, c’est le poids de la fatalité, le portrait de paumés à la fois pathétiques et sublimes, la description d’une société rongée par le vice.

  • Un exemple ? Quand la ville dort, de W.R. Burnett.

La hard boiled school

Inventé dans les années 20 en réaction aux intrigues trop lisses et sophistiquées du roman à énigme, le roman hard boiled se caractérise par un héros tenace à l’extrême, confronté à une société corrompue, reflet de l’Amérique de l’entre-deux-guerres. Il se codifie peu à peu pour prendre l’apparence qu’on lui connaît aujourd’hui : un privé cynique coiffé d’un chapeau mou, amateur de scotch et de blondes vénéneuses.

  • Un exemple ? Le faucon de Malte, de Dashiell Hammett.

Le roman de gangster

Dans le roman de gangster, il y a une part de tragédie grecque et une part de fascination pour ces personnages qui se sont affranchis de toutes les lois pour obtenir le pouvoir absolu. Souvent, le roman de gangster commence comme une ascension avant de sombrer de façon tout aussi irrésistible… Pas forcément par moralisme, mais parce que c’est bien la réalité de la vie de criminel.

  • Un exemple ? Little Caesar, de W.R. Burnett.

Le roman de procédure

Il s’agit d’une plongée dans les arcanes de la justice, que ce soit du côté du commissariat de police, du palais de justice ou de la salle de presse. Les personnages sont justes humains, avec leurs grandeurs et leurs faiblesses, la description s’ancre dans le réel avec une précision qui frise parfois le documentaire. Le héros y est moins solitaire, il arrive même que l’on suive plusieurs points de vue dans une même œuvre.

  • Un exemple ? Le 87e District, d’Ed McBain.

Le roman d’espionnage

Royaume de la paranoïa, de la manipulation et des faux-semblants. Les intrigues sont complexes et puisent leur source dans la réalité géopolitique. Le crime y est moins fréquent, mais ses ramifications sont beaucoup plus étendues. Il s’agit alors moins de trouver et de punir un coupable que de comprendre dans quelle mesure son agence ou son état est menacé.

  • Un exemple ? L’espion qui venait du froid, de John Le Carré

Le thriller

Ici le but est de donner au lecteur sa dose de sensations fortes, aux côtés d’un héros dans le rôle de la victime, aux prises avec un tueur en série ou une conspiration. La résolution du mystère n’est pas absente, mais elle passe au second plan derrière la nécessité de survivre ou d’échapper à la police.

  • Un exemple ? No Country for Old Men, de Cormac Mc Carthy

A suivre…

Raphaël Andere