[Roman] L.A Confidential - James Ellroy, 1990

L.A Confidential est le troisième roman du désormais fameux Quatuor de Los Angeles de James Ellroy.

C’est aussi le roman de la démesure. Une action étalée sur 5 ans, de 1953 à 1958. Des dizaines de personnages secondaires. Une intrigue ultra foisonnante, d’une complexité parfois effrayante, composée de nombreuses affaires parallèles qui finissent pourtant toutes par se rejoindre, laissant le lecteur en proie au vertige. Tous les thèmes obsessionnels d’Ellroy ramassé en un livre qui aborde aussi tous les aspects de l’histoire secrète de L.A. Ce serait là peut-être la seule faiblesse du bouquin : dans sa volonté de tout embrasser, Ellroy force la réalité, créant par exemple un substitut fictionnel à l’empire Disney. On s’éloigne ainsi un peu de la véracité historique du décor pour entrer plus profondément dans la fiction.

Malgré ce bémol, L.A Confidential est donc le livre le plus complexe du Quator, le plus virtuose aussi. Une équipée épique dans les allées de traverse d’une ville-labyrinthe. Heureusement, ce n’est pas que cela, c’est aussi et avant tout, comme dans le Grand Nulle Part, trois personnages principaux, trois flics aux destins forcément exceptionnels et tragiques. Tout au long de ces cinq années, leurs parcours vont se croiser et se heurter. Au bout du chemin, ils devront payer l’addition que leurs choix auront alourdi.

Ed Exley, Bud White, Jack Vincennes… trois personnages dont on apprend ici le moindre secret, dont on explore les failles et les forces, dont on partage les douleurs, la colère et la haine. Ce sont leurs désirs qui poussent en avant ces hommes et entraînent à leur suite le lecteur : le désir de Vincennes de retrouver une vie normale, de croire qu’il peut effacer le passé ; le désir d’Exley de prouver à sa légende de père qu’il peut être meilleur que lui ; le désir de White d’exorciser une fois pour toutes le spectre de sa mère assassinée sous ses yeux par son père. Difficile de les oublier après la fermeture du bouquin.

L.A Confidential est un chef d’oeuvre, mais ce n’est pas un chef d’oeuvre froid. Il est si organique qu’on en oublie l’incroyable boulot de construction qu’il a fallu pour le bâtir. On en retient que la bile et les larmes..