Sam Eagle’s Jazz Review : Charles Brown Trio

Si le nom de Charles Brown vous est peut-être encore inconnu, vous connaissez probablement mieux les « Three Blazers » de Johnny Moore : souvenez-vous, Merry Chistmas Baby, le tube de noël dernier… Un trio guitare-piano-basse bien soigné, bien charmeur, qui ne manque pas de rappeler Nat Cole – d’ailleurs Oscar, le frère de Johnny Moore, n’est-il pas le guitariste du King ? Et bien Charles Brown était le pianiste, la voix et autant dire l’âme de ce trio. Pas étonnant donc qu’il se décide enfin à voler de ses propres ailes, sous son nom.

C’est donc sa propre formation, avec Tiny Mitchell à la guitare et Eddie Williams, autre ex-Blazer, à la contrebasse, qu’on a pu voir toute la semaine dernière au Memphis Café, le club le plus chaud d’Aisbury Park. D’accord, il aura fallu vous enfoncer un peu plus loin dans le ghetto noir que Regent’s Avenue, et là-bas les nouveaux visages sont regardés avec insistance, surtout s’ils sont blancs, mais le jeu en vaut la chandelle, croyez-moi. Que vous ayez un chagrin à noyer ou que vous vouliez simplement goûter à ces atmosphères de nuit qui s’éternise, de blues qui s’épanche, la musique de Charles Brown est idéale : quelques accord tristes plaqués sur le piano, une guitare à la plainte déchirante, et la voix du chanteur qui, si elle évoque les larmes, n’en oublie jamais pour autant le miel.

Au cours du deuxième set, l’ambiance est un peu plus électrique, et le trio se lance dans une reprise de Blazer’s Boogie sur un tempo frénétique, démontrant qu’ils ne savent pas que vous faire pleurer sur votre amour perdu, mais aussi vous faire danser pour trouver le prochain. Décidément, Charles Brown, qui avant de se lancer dans une carrière de musicien professionnel a été professeur de chimie, s’y connaît en matière de mélanges, explosifs ou philtres d’amour !

Sam Eagle

A écouter :

  • Charles Brown : Cool Blues Singer (Collection Saga Blues)